Fiche Laeren

Sortir de la Ferme. Voir autre chose que ses murs de pierre vieillis et ses champs. Le brouhaha de la ville, piétiner dans ses ruelles, s’arrêter à chaque échappe. Flâner. Tout ce qu’un humain ne peut pas faire en général. C’est une chance que j’ai. Pouvoir sortir de temps en temps. Pas une chance, un luxe. Mais depuis mon retour à la Ferme, les sorties sont devenues plus rares. On ne peut pas être à vendre, travailler aux champs et sortir. Enfin sortir… Me rendre utile pour les secrets. Mes sorties se font uniquement sur ordre. Un humain ne peut pas sortir de la ferme comme ça.

C’est un collègue qui m’a remit le courrier m’annonçant une nouvelle mission. Un dresseur de la Ferme. Nous avons travaillé ensemble une fois. Pas une mission des plus agréables. Mon dos en garde de belles marques, encore en cours de cicatrisation pour les plus profondes. S’isoler. Pour pouvoir lire. Ne surtout pas se faire prendre. Je ne peux pas compter sur la discrétion d’un humain pour ça. Alors je fais ce que j’ai de mieux à faire. Protéger quelqu’un pour qu’on m’emmène de nouveau en salle de dressage. Retrouver mon collègue. D’ailleurs, c’est comme s’il m’attendait. Un sourire hypocrite sur les lèvres. Avant qu’il ait pu dire le moindre mot, je vais m’assoir sur la table de torture et ouvre ma lettre. J’en prends connaissance et lorsque j’ai terminé, je jette le tout au feu. Pas de traces, jamais.

Ma mission, infiltrer un bar suspecté pour ses activités rebelles. Je vais donc rejoindre le rang des hôtesses. Tout est déjà préparé. J’ai ma place. Je suis assurée de ne pas servir de prostituée. La gérante est au courant de l’état de mon dos. Lady Alinume ne laisse vraiment rien au hasard. Même pour une simple mission d’observation. La note en fin de missive me laisse songeuse quelques instants. Revenir en vie. Elle ne soucie pas vraiment de moi. Plutôt de mon utilité. Si j’y laisse la vie, c’est un risque pour les secrets. Si je meurs, c’est une lame en moins pour elle. Et malgré tout ce qu’on peut bien entendre dans les couleurs, les humains peuvent être utiles. Je suis peut être une catastrophe ambulante avec un plateau dans les mains, mais avec une épée… C’est autre chose.

Tout ça, a eu lieu, il y a deux jours. A présent, je me trouve dans le bar. Je suis une belle hungry qui me fait visiter les lieux. Elle m’explique tout ce qui va se passer. Ce que je dois faire, dire, penser. Je ne peux m’empêcher d’être inquiète quand à mon service. Je ne fais pas des étincelles avec un plateau dans les mains. Il faudrait espérer que tout se passe au mieux. Elle m’explique que je devrais servir les clients du mieux que je peux. Les laisser prendre mon sang, me toucher. Mais comme me l’a indiqué le Capitaine, ça n’ira pas plus loin. Dans ce cas, je ne risquais rien. Le fait que je sois toujours vierge a du convaincre la patronne de m’accepter chez elle. Après tout, il parait que mon sang est plus savoureux que les autres. A prouver.

Après avoir fait le tour du propriétaire, la dirigeante de l’établissement m’entraine vers les coulisses. Une dizaine de filles s’y préparent. Elle me laisse entre leurs mains et disparait. Tout de suite je suis le centre de l’attention. On m’oblige à me changer. Mes vêtements sont jugés trop pauvres. Pourtant ceux qu’on me donne ne me transmette pas une impression différente. C’est court pour une robe. Le message est passé en tout cas. Mon dos n’est pas visible. Heureusement. L’heure tourne tandis qu’elles s’occupent de faire boucler mes cheveux et de me maquiller. Après un moment, j’ai l’impression de ne plus me reconnaitre. Je réprime une grimace et les remercies. C’est alors que je constate que la moitié des filles présentent à mon arrivée ont disparus. Déjà au travail. L’une d’elle revient tout en émois.

« Il y a un invité de marque au salon ! Le lieutenant Northern ! Vous imaginez s’il me choisie ! »

Il est donc la. C’est avec lui que je dois travailler. Bien. Les filles y vont bon train sur les rumeurs circulant à son sujet. En attendant elles ne travaillent pas. Et elles m’ont complètement oublié. Encore mieux. C’est à mon tour d’entrer en scène. J’ajuste ma robe assortie à la couleur des yeux et j’entre dans la salle. Il y a du monde. Mon regard se promène sur les invités. Du coin de l’œil je le repère. J’ai à peine le temps de faire un pas que déjà je suis invitée à rejoindre des hungrys. Non loin du Lieutenant. Je colle un sourire sur mon visage et m’approche.